D'abord, j'assistais à une espèce de réunion, tout était étrange, les gens et ce qui se disait là... Je ne comprenais ni ma présence dans ce lieu, ni de quoi il était question. Puis il y eut comme une espèce de cocktail où les mets étaient si exquis que j'en chipais quelques-uns que je fourrais dans ma poche.
Quand enfin je m'échappais de l'endroit et que j'émergeais au dehors, j'assistais interloquée à un spectacle inattendu.... Il avait dû pleuvoir des trombes, en conséquence, les rues alentour n'étaient plus qu'espèces de gros ruisseaux dans lesquelles et autour desquelles la vie continuait dans un semblant de quotidien habituel. J'observais pendant un moment, le singulier spectacle. Mais étrangement la chose me paraissait finalement presque normale.
Les quelques pas que je fis comme sous hypnose m'amenèrent devant le petit chariot d'une vendeuse ambulante. Là, un touriste américain et moi même tombèrent simultanément en pâmoison devant un ananas découpé. Sa couleur d'un jaune frais, son goût intuitivement deviné par les perles de jus qui suintaient sur les tranches ne nous laissaient aucun échappatoire, il nous en fallait, il était vain de résister.... J'achetais aussi des pommes.
La vendeuse africaine mit les fruits dans un sac en plastique..... Je vis tout de suite que celui-ci n'allait pas tenir le coup. Comme je l'avais pressentie dès que je l'eut en main le sac céda sous le poids alors je vis les pommes et l'ananas filer comme aspirés dans la bouche béante d'un égout.
Je n'avais pas encore réglé mon compte... Dilemme...
J'aurais du payer pour quelque chose qui venait de disparaitre..
Je ne savais plus que faire et la vendeuse pour le coup était un peu énervée... Quand plus loin, j'aperçus ma voiture qui s'en allait flottant doucement sur les eaux débordantes d'une rue/rivière un peu plus bas....
Nous étions vers l'Ile St Louis.. Ma petite auto filait dodelinante en parallèle à la Seine mais dans son sens contraire...Vers son aval.
Je laissais tomber le dilemme de mes courses disparues...
Malgré l'eau, j'essayais de courir vers elle, avisant des cyclistes : regardez là bas ma voiture qui s'en va toute seule.. Espérant que l'un deux me prête son vélo pour vite la rattraper... Je savais pourtant que malgré ma course, je ne pourrais la rejoindre assez vite..
Puis après un virage, je ne la vis plus...
Je continuais ma recherche dans deux ou trois rues, m'engageant dans celles dont le courant semblait emprunter les directions..
Je finis ma course dans une ruelle où il était impossible qu'elle eut pu s'y faufiler....
C'était fini là, je ne la retrouverais plus, peut être est-elle déjà noyée au fond de la Seine..
Et soudain j'y ai pense, mais j'y ai laissé aussi mon ordinateur... une sorte de vide m'empare, je ne perds pas seulement ma voiture et mon ordinateur mais aussi tout ce que celui-ci contient … Non ce n'est pas possible.. Je viens de perdre comme une partie de moi même.
Me souviens alors, était-ce intuitif, que la veille, je m'étais jurée d'effectuer une sauvegarde...
Troublée, dépitée, je trouve refuge dans un restaurant là une foule en délire chante à tue-tête tout la chanson de « la belle équipe.. » : « Quand on se promène au bord de l'eau..... »
Je fuis l'hilarité générale à laquelle je ne désire pas du tout me mêler et me retrouve dans une chambre d'hôtel chic et cosy... Je n'ai pas envie de ce confort là non plus... Je me mets au balcon, puis me hisse sur la corniche pour essayer de mieux voir sans doute dans une quête ultime. Je m'accroche à une espèce de toile tendue... Au dessous la foule du restaurant est toujours en liesse quand je me désespère.
Puis soudain fondu au noir... Ma peine me submerge encore quand je reviens au réel. Ah ce n'était qu'un rêve... Il est trois heures du matin, je me sens comme sauvée mais en moi un malaise subsiste.
Au fond j'ai eu peur de perdre quoi..?